28 DE MAIO DE 1893 – NÎMES: UMA EXCELENTE CORRIDA COM ARTISTAS IBÉRICOS (na imprensa francesa)


 

Bibliothèque nationale de France


PLAZA DE TOROS

La Course du 28 Mai.

Sans doute il est trop tard pour parler encor d’elle...

... Et cependant il faut bien dire que la course de dimanche dernier n’a pas été telle qu’on l’attendait. Il y aurait mauvaise grâce à le nier et la direction, qui veut avant toute chose conserver la confiance du public, est la première à le reconnaître. On espérait une course brillante avec des taureaux de premier ordre, confirmant la bonne impression qu’ils avaient donnée dès leur arrivée dans le coral aux nombreux afficionados de notres ville, et on s’est trouvé, aux Arènes, en face d’un spectacle déconcertant, bien fait pour soulever dans le public le tolle général de la première heure.

Sur six taureaux, quatre franchement mauvais, c’est trop. Mais quelles que soient les raisons que le public donne ― avec plus ou moins de justice et d’impartialité — à cette constatation, la ganaderia d’Aléas ne s’est pas décernée un brevet de confiance chez nous: ― les taureaux ne valaient même pas le prix que la direction les a payés et que nous ignorons. Voilà notre avis.

Au surplus, que les uns mettent des chiffres en avant que d’autres réfuteront ensuite, rien ne déplacera l’opinion publique: la course du 28 mai a été mauvaise dans son ensemble. Il appartient à la direction de ne recommencer l’épreuve et de s’entourer à l’avenir de garanties plus grandes, sur ce point essentiel: l’achat des taureaux.

Un mauvais quadrille, un matador médiocre feront quelque chose avec des fauves vigoureux et francs; Espartero lui-même et un quadrille hors ligne travailleront mal ou pas du tout avec des bêtes inutiles, vicieuses et molles. L’écueil est là.

Mais nous sommes certains que M. Fayot voudra et saura l’éviter par respect du public qui a répondu avec confiance à son appel, pour l’avenir de la Plaza de Nimes, qu’il veut faire grande entre toutes, et dans l’intérêt même de son entreprise, ― qu’il ne compromettra certainement pas de parti-pris.


Ceci dit, rendons justice à qui le mérite. Et tout d’abord à (José) Bento de Araujo, le sympathique et élégant caballero qui a piqué le 3ème taureau de plusieurs javelines, dont une très courte dite de Palmos, avec maëstria. Admirable aussi, lorque, poursuivi par la bête, il s’est dérobé par un appuyé au galop; il a soulevé d’unanimes applaudissements. Toutes nos félicitations.

Le 5ème taureau, qui a fourni une course passable, s’est présenté à la mort dans de très mauvaises conditions, et nous ne devons qu’au désemboulage les nombreux coups d’épée d’El Tortero, qui, malgré cela, a fait voir qu’il était capable de porter de bonnes estocades.

Devant les nombreuses protestations de la foule, le 6ème taureau est sorti tel qu’il fallait, c’est-à-dire les cornes nues; aussi la bête n’ayant pu se reposer pendant l’opération du désemboulage, s’est présentée à la muleta franche et non vicieuse comme la précédente, et, après de brillantes passes, El Ecijano l’a envoyée ad patres par trois estocades réussies.

AJENJA.

In LA CHRONIQUE MONDAINE, LITTÉRAIRE ET ARTISTIQUE, 3 de Junho de 1893