Bibliothèque nationale de France
CHRONIQUE
GARD
La gran corrida de
toros. ― La course espagnole a
eu le don, comme il était à prévoir, d’attirer dans notre ville une grande
quantité d’étrangers.
Les trains arrivés dans la matinée de dimanche étaient
bondés et plusieurs ont eu du retard à cause des voitures supplémentaires qu’il
a fallu ajouter dans diverses stations.
À une heure, les portes de notre amphithéatre se sont
ouvertes. Les places non numérotées ont été vite occupies, et dès deux heures,
nos Arènes présentaient un magnifique coup d’oeil. Un peu avant l’ouverture de
la course, il y avait autant de monde que pour une représentation gratuite.
À trois heures et
demie, M. Le Maire et les adjoints prennent place dans la tribune officielle.
Aux premières, nous remarquons Mme Le Mailler et M. le Préfet, M. le general commandant
d’armes, M. le trésorier-payeur general et un grand nombre de notabilités.
Lorsque M. le
Préfet et M. Le Maire sont entrés, le public les a fortement acclamérs. Les musiques des Touristes
du Gard et des Enfants de Nimes
se sont fait entendre.
À l’heure fixée ― quatre heures moins le quart ― une
sonnerie annonce l’ouverture de la course.
Deux alguazils à cheval se présentent devant les
autorités, puis retournent au toril. Ils reviennent bientôt, précédant un
cortège composé de six alguazils à pied; (José) Bento de Araujo, caballero en
plaza, magnifiquement costumé et bien campé sur un superbe cheval gris;
Cara-Ancha, son quadrille, les quatre picadors, les mules et les muletiers. Ce
défilé obtient un vif succès.
Chacun prend vite
sa place et la course commence.
Le premier
taureau, Calcetero, noir et blanc,
fait une mauvaise sortie. L’animal est mou. Il reçoit six coups de pique et
trois paires de banderilles. Cara-Ancha fait de
très jolies passes de manteaux et de muleta et l’estoque à volapié.
Applaudissements.
Le deuxième
taureau, Polverillo, brun et blanc,
très ardent fait une brillantes sortie. Le
caballero en plaza (José Bento de Araújo), lui plante quatre javelines. Rendu
furieux, il franchit la barricade et la démolit. Il reçoit deux autres
javelines courtes. On fait une ovation à José Bento (de Araújo). Trois bonnes
paires de banderilles lui sont placées par Carillo et Fuentès. Le simulacre de
la mort est fait par Lobito, après neuf passes de muleta superbes. Le taureau
est ramené chaque foi avec le manteau devant le sobresaliente par Cara-Ancha
avec beaucoup de maëstria. L’enthousiasme est à son comble.
Le troisième
taureau, Volante, brun et blanc, sort
bien, il est cif. Il reçoit six coups de pique et trois paires de banderilles.
L’animal deviant mou et difficile à travailler. Lobito
fait encore le simulacre de la mort.
Le quatrième taureau, Calabazo, noir moucheté, est
réservé à José Bento (de Araújo) qui lui plante avec beaucoup d’adresse six
javelines. Applaudissements chaleureux. Cara-Ancha banderille ensuite
brillament le taureau par trois fois.
Cara-Ancha, après dix passes de muleta remarquables, l’estoque.
Des bravos chaleureux se font entendre. On crie: la mort! La mort!
Le cinquième taureau, Ciguèno, jaune, non-emboulé, se
présente bien. Il tue un cheval et met plusieurs hors de combat, reçoit quatre
coups de piques et trois paires de banderilles.
Le public crie
avec une insistance irresistible: la mort! La mort!
On passe une épée à Cara-Ancha, qui adresse un brindis
aux autorités et tue la bête après huit passes de muleta avec trois estocades
et quatre descabellos. Applaudissements et sifflets se font entendre.
M. le Préfet se retire. M. Le Maire quitte également sa
place, mais pour aller presider le dépouillement du scrutin du 1er canton.
Le sixième
taureau, Finito, noir, fond en sortant sur les picadors et les renverse, mais
reçoit cinq coups de pique. Il est bien
banderillé, avec trois bonnes paires, par Carillo et Lobito. Cara-Ancha ecécute
de nombreuses passes magnifiques de muleta. Il estoque la bête d’un seul coup d’épée.
De nombreux applaudissements se font entendre.
En résumé, bonne course, bien ordonnée et qui aurait
été parfait si les taureaux qui devaient être mis à mort avaient été piqués
davantage.
Cette course s’est
terminée à 6 heures 30.
In LE PETIT MIDI,
Nîmes – 9 de Agosto de 1892