LA 22ÈME COURSE À PARIS
Angel Pastor. ― Valentin Martin. ― Joseito.
Nous pouvons classer cette journée parmi les meilleures de ces trois derniers mois.
Les adieux de Pastor avaient attiré une foule considérable; le dessus du panier des aficionados est aux meilleures places; le tendido et les loges reforgent de jolies femmes; le temps est magnifique.
1. ― Juareno ouvre laa course avec une furia de bon augure. Trois payasos mettent en goût ce brave taureau qui culbute successivement les deux Salustiano, ce qui leur vaut une ovation. Il devient collant et prend douze varas; on applaudit ferme, la journée sera chaude.
Angel Pastor enlève la divisa sur un quite audacieux. Rafael Llorens place une demie paire en quarte et une paire au relancé; el Pito met la sienna au demi tour, et Angel Pastor, vêtu gris et or, fait treize passes naturelles, trois changes, quatre en rond, terminant avec une estocade en rencontre, de devant.
2. ― Librador, reçu poliment par (José) Bento de Araujo, est un taureau extrêmement
vif qui porte les couleurs de D. Antonio Hernandez. Il consent à prendre cinq javelines du Caballero; Cayetano Fernandez et Corrito se cotisent pour lui offrir une seule aire, à eux deux, et Valentin Martin (bleu et or), expédie l’animal sur trois passes rudimentaires, avec un coup d’épée à la course. Le public n’est pas satisfait et l’exprime.
3. ― Almendrito est gentil comme un ange, comme Juareno il goûte à la pique avec
délices; et les picadors Cirilo Martin et Antonio Cabezas obtiennent un grand succès pour une dizaine de varas généralement excellentes; et une chute d’Antonio agrémente le tout.
Seulement Almendrito a la manie de sauter les tableros, il les saute jusqu’à huit fois, et cette grave occupation lui donne à peine le temps d’accepter une paire et deux demies, assez faibles.
Joseito (vert et or) le passe difficilement et l’honore d’une estocade contraire donnée à volapié.
4. ― Bolero fait une entrée majestueuse. Il porte la devise blanche de Mazpule; il est énorme, noir taché de blanc, et d’une bravoure qu’on apprécie beaucoup.
Il donne beaucoup de mal à Pepe el Largo et finit par désarçonner Salustiano. Angel Pastor lui fait trois véroniques très jolies et lui enlève la divisa.
Remigio place une paire al cuarteo qu’on applaudit vivement, Pito accroche une demi paire et Pastor, pour la dernière fois, prend la muleta.
Son travail est brillant, l’adversaire est franc, volontaire, loyal. Il passe diz-sept fois sous la muleta et treçoit une superbe estocade haute.
Lorsque le matador revient à la première section on lui fait une ovation; les bouquets de corsage pleuvent autour de lui et on lui présente une brasssée de fleurs aux couleurs d’Espagne.
5. ― Fosco entre en évaporé et fait regretter son prédécesseur. On le remplace par un petulant novillo qui paraît atteint de daltonisme. Enfin un troisième taureau de reserve aperçoit (José) Bento (de Araújo) dès sa sortie et reçoit une javeline vraiment un peu trop basse.
Le caballero place ensuite trois banderilles très bien et avec beaucoup de brio.
L’animal est franc, vigoureux. Valentin Martin le cape avec succès. Joseito essaye une paire de banderilles avec la chaise, Mais n’en place que la moitié; il pose une paire en quarte très bien et donne le taureau à Valentin qui lui fait vingt passes naturelles, sept changes et quatre de poitrine, concluant avec une très bonne estocade à volapié qui est beaucoup applaudie.
6. ― Garboso casse la pique de Cirilo à son entrée, qui est fougueuse. Il prend dix varas et Joseito lui cueille la divisa à la course.
Trois paires réglementaires sont posées et la nuit arrrive tandis que Joseito, sur vingt cinq passes, indique un coup régulier.
La journée a été mouvementée et des plus intéressantes. Les taureaux, fraîchement débarqués, vaillants, surtout le premier, le second et le quatrième qui ont été admirables.
Joseito très brave aux quites, moins heureux à la muleta, Valentin Martin, très mauvais à son premier taureau, très bon à son second; Angel Pastor, bon à son premier taureau, très bon à son second.
(José) Bento de Araujo, excellent.
Les banderilleros, passables.
Les picadores, supérieurs; quatre chutes.
Le président, régulier.
L’entracte, démesuré.
ESCAMILLO.
In, LE TORERO, Nîmes – 25 de Outubro de 1891