CHRONIQUE
UNE SOLENNITÉ TAUROMACHIQUE. ― L’alternative en plaza de Nimes. ― Désormais, Nimes devenue le centre tauromachique par excellence de toute la France, n’aura rien à envier aux grandes plazas espagnoles. Jusqu’à aujourd’hui, la vieille cité romaine avait eu l’honneur d’applaudir les grands matadors de la Péninsule, mais il lui manquait pour mériter véritablement d’être appelée la «Madrid» de la France, de consacrer la réputation d’un jeune diestro par la cérimonie de l’alternative.
On sait qu’on appelle ainsi en Espagne la consécration dans l’arène d’un jeune matador par un de ses ainés. À partir de ce jour le neophyte a le droit d’alterner dans les plazas avec les grands maîtres dont il est devenu l’égal.
Quatre grandes plazas seulement sont reconnues en Espagne pour cette solennité.
Nimes aura, elle aussi, la première en France, cette gloire supreme.
Dimanche 13 août, le grand matador Cara-Ancha donnera dans la plaza de Nimes, en présence de 20.000 spectateurs, l’investiture de l’alternative à son élève Fuentès, un jeune matador déjà célèbre au-delà des Pyrénées.
La Cuadrilla
Le 13 août, 2 Cuadrillas paraîtront dans l’arène de Nimes: celles de Cara-Ancha et de Fuentès.
Depuis la retraite de Frascuello et de Lagartijo, Cara-Ancha est le premier matador de la vieille école classique espagnole. On se souvient du reste à Nimes de la course imposante que Cara a donnée le 7 août 1892 dans cette même plaza. Jamais matador ne reçut ovation plus enthousiaste et plus méritée.
Fuentès est l’élève favori de Cara. Il est déjà passé maître dans son art: il ne lui manque plus aue la consecration qu’il recevra dimanche dans la plaza de Nimes.
On aura encore la bonne fortune d’applaudir la gracieuse Maria Gentis, caballera en plaza et le vaillant caballero (José) Bento de Araujo, qui exécuteront à cheval la pose des javelines et de banderilles, comme aux courses royales de Madrid.
In LE PETIT MIDI, Nimes – 12 de Agosto de 1893