30 DE ABRIL DE 1893 – NÎMES: AUMENTO DE PREÇOS E RECLAMAÇÕES

 
 Bibliothèque nationale de France

TEMPORADA DE 1893

L’ouverture de la saison taurine, si impatiemment attendue, aura lieu demain avec le concours d’une cuadrilla de novilleros, des Págadores nègres et du célèbre rejonéador José Bento d’Araujo qui fut tant applaudi le 7 août dernier.

Cette course peut être brillante, mais nous doutons fort qu’il y ait affluence de spectateurs.

Malgré les reclamations qui s’élèvent de tous côtés, les prix fixés par la direcxtiopn n’ont pas été modifiés. L’amphithéatre reste à 2 francs.

Sans être pessimiste, nous regrettons cette mesure, pour la direction et pour le public.

Pour le public, parce que ce prix, trop élevé pour la majorité de nos ouvriers, les empêchera d’assister régulièrement aux corridas comme ils en avaient l’habitude.

Pour la direction en ce que les recettes se ressentiront forcément de ces défections.

Il y a là un écueil que la diection ferait bien d’éviter pour assurer le succès même de son entreprise. Si le public ouvrier s’abstient d’aller aux arènes, comme il en manifeste le dessein; M. Fayot espère-t-il compenser ces absences par l’élévation du prix des places de ceux qui s’y rendront? — Nous la voudrions mais ne l’espérons guère.

Dans le dernier nº de la Mise à Mort, nous avons dit que que nous avions la plus grande sympathie pour la nouvelle direction et nous répétons.

Nous désirons la voir aboutir, parce qu’elle tend à relever l’art taurique en France, parce qu’en organisant de grandes solennités, la plaza et la ville de Nîmes y gagneront, parce qu’elle nous permettra enfin de voir quelques célébrités taurines.

Mais nous le répétons aussi, nous voyons de si près les ouvriers nimois, nous connaissons si bien leurs besoins, leurs moyens et leur désiderata, nous sentons tellement que le prix de 2 francs est au-dessus de leurs ressources que nous avons demandé à la direction de l’abaisser.

Nous insistons aujourd’hui encore sur ce point. La course de demain en nous donnant raison, sera peut-être notre meilleur argument.

Quoiqu’il en soit, M. Fayot en créant les abonnements d’amphithéatre, que nous avions demandé, a bien agi et a droit à nos remerciements. Un pas lui reste a faire: réduire lr peix des places d’amphithéatre. Nous comptons que la nouvelle direction, dans l’intérêt même de l’œuvre qu’elle poursuit et pour satisfaire nos aficionados ouvriers, y consentira.

C’est ce que nous souhaitons.

J. MARY de LÉO.

In LA MISE À MORT, Nîmes – 22 de Abril de 1893