25 DE JUNHO DE 1893 – NÎMES: “TOROS DE MUERTE” E CORRIDA FABULOSA (na imprensa francesa)


 
Bibliothèque nationale de France

CHRONIQUE

NIMES

La Course Espagnole de dimanche. — Le deuxième grande course de mise à mort donnée dimanche a été une véritable solennité tauromachique qui a péremmptoirement démontré  que M. Fayot, malgré tout ce qui a été dit sur son compte, par des gens mal intentionnés, est susceptible de faire grand et beau, pour contenter le public.

Tout à marché à souhait, rien n’a été défectueux.

Aussi c’est aux acclamations de plus de 15.000 spectateurs que la course s’est déroulée.

À 3 h. précises, après le défilé annoncé des alguazils, caballero en plaza, matadors, quadrilles, picadors et le personnel de l’arène, la course a commencé. En voici un compte-rendu sommaire.

Le premier taureau, Panadero, emboulé, noir et blanc, fait une mauvaise entrée, mais dés qu’il aperçoit les chevaux il s’élance vers eux ; reçoit huit piques des picadores, tandis que Centeno et Quinito exécutent des quites excellents. Quinito en travaillant le taureau de près est renversé par l’animal, mais sans blessure.

On sonne aux banderilles et 5 cabestros (dompteurs) entrent dans l’aréne, entourent le taureau, et l’amènent dans le toril du désemboulage. Cette opération est très bien menée.

Après le désemboulage, le taureau reçoit quatre bonnes paires d’Antolin et de Valencia.

Centeno prend la muleta, exécute des passes très bonnes et termine par un simulacre bien placé.


Le deuxième taureau, Corrion, couleur fauve, emboulé, est d’abord réservé à (José) Bento de Araujo, qui place trois bonnes javelines. Le sympathique caballero en plaza sort ensuite de sa poche une minuscule banderille qu’il ne réussit pas à piquer. On applaudit son courage et sa bonne volonté.

Après le désemboulage Quinito reçoit le taureau à la cape et se fait chaleureusement applaudir. Julian Sanchez et Malaver placent trois bonnes paires de banderilles et 2 demi-paires.

Quinito audacieux et vaillant à la muleta envoie un excellent simulacre. (Applaudissements).

Le troisième taureau, Gollareto, blanc et rouge, emboulé, fond, dès sa sortie sur les chevaux et reçoit de nombreuses piques.

Les frères Antolin prennent les banderilles et en piquent deux bonnes paires et de deux demies paires l’animal devient furieux.

Centeno, armé de sa muleta, passe le taureau et termine par un simulacre supérieur.

Une entr'acte de 10 minutes est annoncé. À ce moment le public qui s’aperçoit M. Fayot, près du toril, le salue d’applaudissements frénétiques pour bien marquer sa satisfaction.


M. (José) Bento (de Araújo) le prend alors par la main et le conduit au milieu du cirque pour saluer le public qui de nouveau l’acclame. C’était justice. N’avait-il pas. En effet, donné la preuve qu’il a fait tout ce qu’il était possible pour donner une belle course ?

L’entr'acte est terminé et les courses de muerte commencent.

Le quatrième taureau, Gordon, blanc et noir, paraît cornes nues. Il se lance à fond de train sur les picadores qui le reçoivent pica corta. L’animal est ardent.

Valencia et Antolin jeune, placent quatre bonnes paires de banderilles.

Quinito s’avance, la muleta à la main, écarte ses hommes et travaille seul le taureau. Ses passes lui valent à plusieurs reprises des ovations bruyantes. Puis il se place devant le taureau qui s’élance sur lui, tandis que l’animal se rue, la tête baissée, l’épée pénètre profondément. Le taureau commence à ploier sur ses jambes. Des applaudissements éclatent. L’enthousiasme est indescriptible, et, pour la première fois à Nimes, le public demande que l’oreille du taureau soit donnée au matador. Quinito la prend et l’envoie au public.

Le cinquième taureau, Esmeraldo, sort, il est réservé à Centeno. Il reçoit 6 piques, Manavez lui place de bonnes banderilles.

Centeno avec sa muleta exécute des passes régulières, très applaudies et s’élance pour frapper à volapié une estocade profonde. 

L’animal est atteint mortellement, il rend le sang par les naseaux. L’estocade est médiocre.

Les applaudissements n’en éclatent pas moins très nourris quand le taureau tombe inanimé.

Le sixième taureau, Espartero, gris fer, est réservé à Quinito. Celui-ci, très vaillant, reçoit l’animal avec sa cape, son travail est très applaudi. Le taureau est amené aux picadores qui le piquent avec persistance. L’animal est brave et fond sans hésitation sur les chevaux.

Les deux matadors pernnent eux-mêmes les banderilles aux applaudissements du public et piquent chacun deux paires excellentes. Après eux, Valencia en place une paire supérieure.

Quinito la muleta à la main, se présente seul à l’animal et après des passes très serrées et très applaudies, il donne d’abord deux pinchazos réguliers, puis termine la course par une profonde estocade qui amène la mort du taureau.

Des applaudissements répétés eu unanimes se font entendre. Le public se retire, lentement, enthousiasmé, et en commentant les péripéties de cette course dont il gardera le meilleur souvenir.

En effet, tout a été parfait, taureaux de belle prestance, vigoureux, braves ; matadors expérimentés, toréadors travailleurs et connaissant leur métiers, picadors supérieurs, etc.

Mais il convient de constater que le grand succès de cette journée de courses et pour Quinito, un matador élevé à la bonne école d’Espartero, qui brillera bientôt à côté des meilleurs matadors de Cartel.

Nous pouvons affirmer, sans crainte de démenti, nous qui avons vu plusieurs courses dans les principales plazas, que nulle part en Espagne, on n’a donné de courses plus belles, le nombre de taureaux de muerte mis à part.

En terminant ce compte rendu nous sommes heureux d’adresser nos félicitations les plus complètes de M. Fayot.

In LE PETIT MIDI, Nimes – 27 de Junho de 1893