6 DE OUTUBRO DE 1907 - NIMES : O CAVALEIRO JOSÉ BENTO DE ARAÚJO É RELEMBRADO 14 ANOS DEPOIS DA SUA PRIMEIRA CORRIDA NAS ARENAS ROMANAS



Bibliothèque nationale de France

TOROS

LA GRAN CORRIDA ROYALE

DU 6 OCTOBRE 1907

            Par la plus belle journée du mois d'octobre 1907, les drapeaux flottaient au nord sur la grande citadelle de l'aficion', signe de ralliement pour les milliers d'aficionados et curieux venus des environs et de tous les côtés de la France pour assister à la Gran Corrida Royale !

            Aussi dès le matin, nos boulevards faisaient plaisir à voire : les terrasses des cafés étaient transformées en clubs taurins, les autos sillonnaient la chaussée, la joie était dans l'air, éclairée par un beau soleil !

            A trois heures, le coup d'œil de l'amphithéatre était majestueux, au moment où MM. Lamouroux et Roque, — les deux holocaustes de la journée  — prennent place aux côtés de M. le Maire de Nimes, MM. Lamouroux et Roque sont deux aficionados connaissant  à fond la lidia pour reconnaître que, s'il faut un lièvre pour faire un civet, il faut aussi des toros et des matadors de premier cartel, et non pas des toros de rebut — parmi lesquels un bœuf qui ne voulut pas «marcher» et qui fut banderillé à feu à la dernière corrida — combattus par un matador invalide et une bien jeune espada, si l'on veut donner l'illusion d'une gran Corrida royale !

            C'est qu'il est de l'intérêt de tous de veiller à la bonne organisation d'une gran Corrida, surtout quand elle porte l'étiquette de «royale» et que le prix des places est «royal» aussi. C'est plus important qu'une bouteille d'eau gazeuse sur laquelle on aurait collé «Champagne mousseux», car non seulement on trompe la confiance de nos nombreux visiteurs en diminuant la réputation de notre belle plaza, mais on donne encore prise aux incendies qu'il suffirait d'une étincelle pour allumer !

            Nous avons vu la grande espada royale El Tato et sa cuadrilla combattre de terribles veraguas (amphithéatre, 1 franc !) ; nous avons vu le grand Frascuelo combattre de formidables veraguas aussi ; nous avons vu, sous la direction Fayot, des corridas qui méritaient le titre de «royales» et pourtant le prix des places n'était pas aussi élevé : Cara-Ancha et le caballero en plaza (José) Bento de Araujo, Espartero, Guerrita, Fuentès, Mazzantini, El Gallo, Fabrillo (NOTA : Francisco Aparici Pascual, FABRILO), Bombita, Bombita-Chico, Minuto, et tant d'autres étoiles de la tauromachie, — et la superbe Corrida des six matadors, — ayant à combattre des toros de Veragua, de Saltillo, de Miura, d'Arribas, de Concha, etc. Tous ces grands noms n'éclipsent-ils pas ce pâle cartel de la Corrida royale du 6 octobre 1907, cette pitrerie de corrida qu'on croyait voir exécuter dans un manège par des clowns !

            Nous ne nous attarderons pas à raconter les maladresses des picadors, des banderilleros et des matadors aussi, sans compter l'«atravesada» de negrete. Tous ces acteurs, même les toros, étaient à peine dignes de figurer dans une représentation populaire à un franc !

            Quelques belles passes de Conejito, les trois paires de banderilles magistralement placées par Lagartijo, le travail élégant du caballero en plaza, méritent d'être enregistrés. Un point, et c'est tout.

            N'en déplaise aux chœurs de la chapelle taurine qui en chantent ses louanges  et aux thuriféraires franco-espagnols (plutôt espagnols que franco), la Corrida royale, de l'avis des aficionados (payants), n'a été qu'une royale fumisterie.

            Dans l'intérêt de notre bonne ville, qui, ce jour-là, est en liesse, dans l'intérêt de la Direction, si elle veut continuer à encaisser des recettes aussi colossales, qu'on ne lésine plus sur le choix des toros et que l'on choisisse des matadors de premier cartel, lorsqu'on voudra former une corrida de gala, car, malgré tout l'encens brûlé, sa fumée n'a pas empêché le public (celui qui paie) d'y voir clair et de s'écrier à la sortie de la Corrida :

            «La Direction a trouvé une mine d'or avec un petit cartel, tant mieux pour elle ; mais nous, spéctateurs, nous avons été roustis, tant pis pour nous ! Que la recette luit soit légère!»

            Félicitons le public de son calme et de sa dignité, car sa protestation aurait pu coûter cher à notre bonne ville !

GURITA.

In LA CHRONIQUE MONDAINE, LITTÉRAIRE & ARTISTIQUE, Nimes - 12 de Outubro de 1907