4 DE JULHO DE 1909 - NIMES : A ARTE DO TOUREIO A CAVALO...

 



Bibliothèque nationale de France


Sports

LA FIESTA TAURINA

Aux amis de Maraval et Fumal de « La Montera »

            C’est le dimanche 4 juillet que doit se dérouler, dans les arènes de Nimes, la deuxième Corrida de Muerte de la temporada 1909, avec Rafael Gomes (Gallito), Castor Ibarra (Cocherito) de Bilbao, deux Caballeros en plaza et un matador de novillos, Lorenzo Martin (Martinito), contre huit pensionnaires de Arribas Hermanos.

            La suerte de Rejonear n’étant pas très usitée en France, nous nous permettrons d’en faire l’historique en quelques mots.

            (Nous présentons nos plus humbles excuses à nos lecteurs ; si certains mots ne sont pas très compréhensibles, qu’ils s’en prennent à la Corrida, qui comme tous les sports, a son argot).

            L’idée de la course de taureaux a pris naissance en Espagne et y a fait son chemin, puisqu’elle est devenue une institution nationale, celle du Caballero en plaza est d’origine essentiellement portugaise et n’est pratiquée que par des Portugais, à quelque chose près.

            Pas mal d’aficionados établissent un rapprochement entre l’antique Virilarguero, le caballero et le rejoneador, leur rôle, cependant, est ou fut bien différent : en effet, le Virilarguero était un jeu usité en Espagne, alors que les corridas n’avaient pas été réglementées par les Romero. C’était un cavalier qui monté sur un cheval caparaconné de fer provoquait le choc du taureau en s’élançant sur lui dans le but de le tuer à l’aide de sa lance, d’endroits précis pour le frapper, il n’en existait pas, la plupart du temps, le bicho n’était que blessé, le cavalier recommençait alors son attaque et si dans la lutte il se laissait désarçonner, un principe d’honneur lui défendait de remonter à cheval, il devait donc s’attaquer à la brute, armé seulement d’une épée, très gêné dans ses mouvements par l’armure épaisse qui le recouverait… Bien des fois le sang de ces braves a rougi le sable de l’arène pour le plus grand désespoir des gentes dames en l’honneur desquelles ces preux descendants du fameux Cid Campeador allaient combattre.

            Le Caballero figurait à l’époque aux courses royales ; armé d’une épée, il devait tuer le « toro » à cheval, aidé en cela par deux espadas que l’on appelait ses « parrains » et qui devaient faciliter ses sorties, tout en le secourant en cas de danger.

            Les créateurs du « Toreo » ayant élevé ce jeu à la hauteur d’un art ; Virilarguero et Caballero disparurent pour faire place au picador dont le rôle dans la cuadrilla est bien défini.

            Supporter les assauts de la brute à l’état « levantado » pour le rendre « parado » aux banderilleros.

            Le Rôle du Caballero en plaza ou Rejoneador diffère beaucoup. C’est un torero dans toute l’acception du terme et la dose de Vista taurina qu’il doit posséder est énorme.

            Il ne doit pas, comme le picador, recevoir le choc du toro et son cheval — au lieu de la haridelle famélique des piqueros — sera une bête de prix, un étalon bien souvent.

            En général le Caballero est propriétaire de sa monture à laquelle il tient énormément, il l’a dressée pour ce jeu et a eu toutes les peines du monde pour y arriver. Ce cheval doit être un véritable coursier, avoir la bouche sensible et surtout ne pas être peureux. Aussi pour l’habituer à faire des volte-face rapides devant son ennemi — le dresse-t-on à s’élancer sur un toro empaillé. Ce travail demande énormément de patience et exige de la part du Rejoneador des qualités de fin cavalier.

            Le Rejon doit porter sur le garrot, c’est une espèce de banderille très longue, d’un bois très dur, ornementée comme ces dernières, mais différant en ce qui concerne le fer qui dans le rejon est un losange tranchant sur tous ses côtés ; a environ 25 cent. du fer le bois est scié à moitié de façon à ce qu’il puisse sur une simple pesée du cavalier être brisé à cette hauteur, un flot de ruban s’échappera de l’intérieur permettant au public de voir si le rejon a été bien ou mal porté.

            Pour l’exécution de cette suerte, il y a plusieurs façons ; nous citerons la plus classique que nous extrayons de l’ouvrage de M. Daniel Caldine. « Corridas de Toros ».

            « Le Caballero s’élancera sur le toro en dirigeant son cheval un peu sur la gauche. Conduisant sa monture des genoux et de la main gauche il s’approchera du fauve et une fois arrivé à juridiccion il profitera de l’instant ou le bicho humiliera pour planter de la main droite son rejon. A peine le fer aura-t-il touché le point visé que le torero d’un brusque coup de poignet aidera la rupture de son rejon à l’endroit scié d’avance et piquant des deux, il s’enfuira rapidement sur la gauche en brandissant le manche de la javeline. »

            Voilà en peu de mots, hélas ! l’historique de cette belle suerte.

            Puisse ce modeste article, écrit par un aficionado avoir pu intéresser ne fut-ce qu’un instant les nombreux admirateurs de ce grand Art.


            Parmi quelques caballeros citons : (Alfredo) Tinoco, (José) Bento de Araujo, Mariano de Ledesma, Capsir del Valle, les deux Casimiro père et fils qui doivent rejoner le 4 juillet à Nimes ; on cite encore un Espagnol, Enrique Martinez ; un Français, Rousset, qui l’un et l’autre n’ont travaillé qu’en France.

El Pequeño.

In LE DARD, Toulouse – 1 de Julho de 1909