Bibliothèque nationale de France
Carnet Taurin
TOROS EN ARLES
Le grand événement de la journée taurine de demain c’est
la corrida d’Arles. Cartel toreros intéressant, toros d’une ganaderia andalouse
de bonne caste, donc très bon programma.
Estudiante, Rafaelillo et Pascual Marquez, six toros de l’élevage
andalou de la Marquise dona Conception (NOTA : Concepción) de la Concha y
Sierra de Sarasua (NOTA : Viúva
de Sarasúa) (Sevilla). C’est l’ancienne ganaderia
de D. Celsa Fontfrede. (NOTA : Celsa
Fontfrede era a viúva de D. Fernando de la Concha, que fundou a ganadaria em
1873. Concepción
de la Concha y Sierra era a filha de Celsa Fontfrede) Du bétail de cette
origine a été couru les 17 avril dernier, jour de Pâques, aux Arènes de
Bordeaux. Le lot fut de présentation magnifique. Poids, muscles, vigueur,
résistance, armes, tout y était. C’estv la preuve que l’éleveur soigne ses
bêtes avec un soin jaloux. Il y eut deux toros mous, trois passables et un
supérieur, le sixième. Comme chacun sait, le bétail reste toujours la grande
inconnue de la corrida. Aussi ne peut-on rien conjecturer de certain sur les
résultats fournis par un lot de toros, fut-il de même provenance.
Les trois toreros de la corrida d’Arles sont aimés du
public. Estudiante a fait l’an dernier, en France, une saison remarquable qui l’a
mis en vedette. Les deux autres, Rafaelillo et Pascual Marquez sont attendus
avec beaucoup d’espoir ; ils sont jeunes, actifs, ardents et gonflés du
désir de plaire.
À l’occasion de la corrida du 29 mai dont nous donnerons
lundi le compte rendu, nous allons dire quelques mots sur les Arènes d’Arles,
qui, demain, vont connaître l’animation des grands jours. Le grand amphithéatre
arlésien a été construit au IIe siècle de notre ère, sous l’empereur Antonin.
Au VIIe siècle, les Sarrazins firent de ces Arènes une
sorte de bastion fortifié ; c’est de cette époque que datent les quatre
tours qui surmontent les quatre grandes portes. Les dimensions extérieures sont
en longueur 136 m. 13, en largeur 107 m. 62. L’amphithéatre est couronné par 60
arceaux de voûte, il n’a pas d’attique comme au sommet des Arènes de Nimes. La piste
arlésienne a 60 mètres sur 40. La première corrida qui eut lieu aux Arènes d’Arles
se donne en 1830 à l’occasion des réjouissances organisées pour fêter la prise
d’Alger par les troupes françaises.
Voici à titre documentaire les noms des principaux
matadores qui ont paru aux Arènes d’Arles au cours de ces cinquante dernières années.
Pepe Hillo, Gallo, grand-père, Jarana, Mazzantini, Guerrita, Reverte, Fabrilo I,
Fuentes, Quinito, Litri I, Lagartijillo, premier de sa génération, Minuto, Faico,
Saleri I, Morenito de Algeciras, Chico de la Blusa qui, plus tard, devint le
fameux matador Vicente pastor, Bombita II, Bombita III, Pouly grand-père, Pouly
II, Pouly III, Cocherito, Vazquez, Mazzantinito, Manolete, Gaona, Freg,
Lagartijillo II, Malla, Saleri II, Nacional I, Nacional II, Manuel Belmonte,
Marcial Lalanda, Villalta, Ortega, les Bienvenida, Noain, Barrera, Rafaelillo.
Un gran nombre de matadores de novillos y parurent aussi.
Ajoutons les rejoneadores espagnols et français et les « cavalheiros
» portugais : (José) Bento de Araujo, Mariano de Ledesma, Capir del Valle,
Serrano, Ruy da Câmara, Albert Lescot, Pierre Saurel, Mme Calais.
Les faits qui ont marqué dans les Arènes d’Arles, sur le
plan taurin, furent : la présentation pour la première fois aux publics
français des matadores Luiz Freg, Malla et Villalta. La corrida d’adieu du
fameux matador « Ricardo Torres Bombita II », le 5 octobre 1913, une corrida magnifique
où Bombita termina en apothéose. Pouly II reçut en Arles l’alternative des
mains de Minuto en 1908. Son fils Pierre Pouly fut consacré le 4 septembre
1920, dans ces mêmes Arènes, par Martin Vazquez. Le novillero Cortijano reçut à
Arles une grave blessure en 1921 infligée par un toro de lescot. Marcial
Lalanda fut légèrement blessé en 1922.
Les Arènes d’Arles ont, comme on le voit, une histoire
taurine qui n’est, d’ailleurs, tracée qu’à grandes lignes dans le cadre forcément
restreint de cet article. Espérons que la corrida du 29 mai 1938 y ajioutera
une brillante page de plus.
RAFAELITO.
In LE
RÉPUBLICAIN DU GARD, Nimes – 28 de Maio de 1938