24 DE SETEMBRO DE 1893 - BÉZIERS: O CAVALEIRO PORTUGUÊS É O ÚNICO QUE ESCAPA DO DESASTRE...

 


Bibliothèque nationale de France

Plaza de Toros

            La grrrran corrida de gala, donnée dimanche avec le concours de deux célèbres matadors de Madrid !!! a été une des plus piteuses, à laquelle la direction nous ait fait assister jusqu’à aujourd’hui.

            Nous protesterons tout d’abord, contre la carnavalade que l’on nous a servie, en guise de paseo, avec, en tête, un alguazil des plus fantaisistes, des toréadors aux costumes frippés, et des monosabios en «postillon de Lonjumeau» !!   


            Seul, (José) Bento de Araujo contrastait, par la fraîcheur de son costume Louis XV, au milieu de cette descente de courtille.

            Nous passerons rapidemente sur les premiers toros, pour arriver aux deux derniers que devait mettre à mort, Metodo, le célèbre matador de Madrid !!

            Certes nous avons vu des matadors malheureux à l’épée, mais franchement nous n’en avions jamais vu d’aussi maladroit.

            Ce prétendu toréador, ne nous parait connaître de la tauromaquie, que l’art de franchir las tablas, ce qu’il fait encore assez lourdement ; aussi est-il aidé dans cette suerte d’un nouveau genre, la seule qu’il pratique souvent, par le toro lui-même, qui, dans son empressement a le servir, lui déchire parfois le pantalon, et lui entame même la peau ! et les diverses variétés d’étoffe, dont est émaillé le fond de culotte de ce vaillant toréador de Madrid, indiquent assez les bons procédés, que des toros serviables lui ont prodigués à de nombreuses reprises.

            Par la façon prudente, avec laquelle il aborde le toro, dont il a le soin de se tenir chaque fois à une distance plus que respectueuse, ce diestro ( ??) renommé nous a donné dans cette course, la mesure de son incapacité.

            Sans aucun travail préalable de muleta, qui n’est probablement bonne, que pour les toréadors qui ne sont pas de Madrid ! Ce matador fin-de-siècle, a essayé à sept reprises de se débarrasser de son adversire ; sur ce nombre, ce dernier n’a reçu que trois pinchazos, les autres coups d’épée ayant porté dans le cide ; ce n’est enfin qu’à la huitième fois, qu’il a pu toucher sérieusement le toro, par une odieuse atravesada, qui lui a attiré les huées unanimes du public.

            Cet incomparable toréador a été cependant plus heureux à son second toro ; après lui avoir traversé l’épaule droite !! il l’a envoyé ad patres par une estocade honda, dont il a été surpris tout le premier.

            Nous ne parlerons pas de Guadalajara, encore un matador de Madrid ! dont les passes à la muleta, aussi remarquables que celles pratiquées par son collègue de Madrid ! lui ont valu, dès le premier toro, une cogida qui l’a mis hors de combat.

            Le caballero en plaza, José Bento (de Araújo), a été très applaudi dans son gracieux travail, et a quelque peu relevé cette mauvaise course, rendue encore plus triste par la pluie qui n’a cessé de tomber tout le temps.

            Nous espérons que la direction laissera désormais à... Madrid, les Metodo et les Guadalajara, et prendra à l’avenir des renseignements plus précis sur la valeur des matadors qu’elle désire engager.

PACO.


In LE PUBLICATEUR DE BÉZIERS, Béziers - 29 de Setembro de 1893