17 DE SETEMBRO DE 1893 - MARSELHA: CAVALEIRO JOSÉ BENTO DE ARAÚJO SALVA A HONRA DO CONVENTO (na imprensa francesa)


 

Bibliothèque nationale de France

TOROS DE MUERTE

A MARSEILLE

Corrida du 27 août — La direction Richaud qui nous avait déjà donné lors de la corrida de Fabrilo des preuves de son incapacité organisatrice, risquant par cela de compromettre une journée taurine qui ne doit son succès qu'aux estocades intelligentes du matador, vient de se payer, ou plutôt de faire payer au public, une fantaisie dont l'aficion, pourrait bien ressentir les conséquences.

Quant à nous, obéissant à la règle que nous nous sommes imposée, nous ferons toujours une guerre à outrance aux charlatans, qui déploient un luxe d'affiches extraordinaire et usent de tous les artifices de la réclame pour ne donner en définitive que des taureaux vétérans de l'arène au lieu de toros neufs.

Il serait temps que l'on songeât un peu à mettre MM. les empresarios dans l'obligation de tenir leurs engagements et pour cela, le bétail soumis à un contrôle sévère ne devrait paraître dans l'arène qu'après autorisation dûment accordée par l'autorité locale. Nous sommes surpris en l'occurrence de ce que M. le Maire voyant le prix exagéré des places, puisque MM. Richard et Cie avait cru nous prenant sans doute pour des Anglais pouvoir faire payer 3 fr 30 à Marseille, la même corrida qu'on avait payée à Nimes 1 fr 50, n'ait pas pris les garanties nécessaires pour que le public ne soit pas leurré.

Voici le compre tendi qui expliquera les scènes de violence dont les arènes furent le théatre à l'issue de la corrida.

Après un paseo réussi avec carrosse de gala, muletiers etc, la course commence à l'heure indiquée.

Premier taureau PIPO, véritable boeuf, sort au pas et s'arrête à environ 3 mètres du toril. Impossible de le déloger. (Nombreux cris et sifflets.) On lui pose 2 paires 1/2 de banderilles, et après un travail de muleta insignifiant, Manene lui pose au deuxième essai un mauvais simulacre.

Deuxième ESCAMILLO, noir piqué de blanc, de forte encolure. (José) Bento (de Araújo) lui pose 4 rejones, 2 banderilles et une paire (grandes ovations).

On désemboule le taureau et les banderilleros, avec force précautions posent encore une paire et 2 demies. L'animal est de sentido et Gavira s'avance sans confiance. A la première passe, il est saisi, piétiné, mais il se relève sans mal, l'épaulette droite de son costume arrachée. Il prend un simulacre qu'il pose assez bien.

Troisième DOURO, chatain foncé, prend 6 varas des picadors; l'animal peu vigoureux se trouve bientôt aplomado. Il est désemboulé et reçoit une paire et deux demies. Manene prend les trastos et s'avance. Après un travail de muleta précipité, il envoie trop vite un bon pinchazo suivi de 2 autres et une estocade à la media vuelta (puntillero au premier essai), (nombreux sifflets).

Quatrième GARABATO, taureau vicieux, reçoit 2 paires et une demi-paire de banderilles et un simulacre de Gavira.

Cinquième BOLERO, de même couleur que le troisième. (José) Bento (de Araújo) exécute un magnifique travail et pose 4 javelines, 1 banderille et une paire (grandes ovations, musique). Le taureau désemboulé nous revient mou et fuyard; il reçoit 2 paires 1/2 de banderilles. Manene s'avance avec l'estoque et, après avoir passé le taureau sans confiance il lui porte un premier coup, puis une estocade contraire qui le fait agenouiller. Puntillero au deuxième essai.

6º Bittero, sort emboulé pour le travail des Picadors. On est obligé de le rentrer pour lui mettre un emboulage plus solide, car on voit paraître la corne.

Pendant l'opération Gavira discute avec M. Fayot et ne veut pas tuer Bittero prétextant qu'il n'est pas puro.

Cependant le taureau ressort et prend 3 varas pour une chute. Il ne veut plus de la pique et l'on fait rentrer les picadors (protestation).

Après un travail très long, les banderilleros parviennent à lui poser 2 paires 1/2. L'animal est sur la défensive et personne n'ose l'aborder. Gavira s'avance sans confiance et, après 3 passes de muleta de très loin, il porte un bon pinchazo, mais il est saisi, bousculé par le fauve. Gavira se relève et porte un bajonazo et un autre coup, (les cris et les sifflets se succèdent; on jette des pierres et des chaises dans l'arène). De plus en plus décontenancé, le matador envoie un coup en avant et essaye deux fois le descabello. Enfin l'animal finit par s'agenouiller et est achevé au 2ème essai par le puntillero. Les cris et les sifflets redoublent et des spectateurs en viennent aux mains. On jette toujours des chaises. Les bancs sont arrachés et l'on met le feu en plusieurs endroits. La police débordée essaye mais en vain d'éteindre l'incendie. On forme un bûcher dans la piste et on met le feu au pavillon de la musique.

Les toréadors se sauvent poursuivis par le public. On déchire leurs capes de paseo qui se trouvent aux premières et Gavira est même frappé près des réservées. Seul (josé) Bento (de Araújo) se rétire entouré et applaudi.

Nous comprenons l'exaspération du public, mais la foule arraché à son sang-froid, n'aprrécie pas sainement les choses et elle fait retomber trop souvent sur des comparses des responsabilités qui incombent à d'autres personnages. — Certes, les toreros ne furent pas brillants, je le confesse, mais leur tort principal consista dans l'acceptation du combat avec des bêtes rompues aux rius de l'arène. Les coupables sont les directeurs seuls.


RESUMÉ

Les toros: de vrais boeufs de charrette, qui avaient déjà été combattus. Le 1er et le 5ème seuls pouvaient être neufs.

Les espadas: Bien difficiles à juger avec un bétail semblable. Manene a été faible. Gavira a été mauvais, quoique vaillant; ce muchacho en présence de ces toros de sentido a fait peuve par moment d'un grand courage.

Présidence: détestable.

Entrée: supérieure à celle de Fabrilo.

DON LUIS.

In LE TORERO, Paris - 3 de Setembro de 1893