17 DE JUNHO DE 1893 - MONTPELLIER: UMA CORRIDA CHAMADA DESASTRE (na imprensa francesa)

 

Bibliothèque nationale de France

EN FRANCE

Montpellier.— M. Fayot, directeur des Arènes de Nîmes, avait loué l'Hippodrome pour y donner deux courses portugaises à la lumière électrique avec taureaux espagnols devant être combattus par Angel Adrada et sa cuadrilla.

Au programme figurait aussi le nom de José Bento de Arajo, caballero en Plaza. Ajoutons que le prix des places avait été fortement augmenté. (Loges 60 f. Réservées 6 fr. Premières 4 fr. Galeries 2 f.)

Aussi n'y avait-il samedi qu'une demi-salle.

Enfin, après une demi-heure d'attente, la cuadrilla fait son entrée, mais dans quel ordre!. Les Alguazils mêlés avec le caballero et les Vaqueros... Passons; voici qu'on sonne au 1. taureau lequel sort mollement, et se place à côté de la barrière, bien décidé à ne pas bouger. Effectivement, Adrada et Domingin lui présentent la cape, il reste immobile. Aux banderilles il ne remue pas davantage malgré la paire et la 1/2 que lui gratifient à Volapiè Domingin et Adrada. Le public commence à siffler et réclame l'argent... Le 1er taureau est chassé, le 2ème taureau n'est pas moins lâche. On le remplace par un 3ème taureau que doit travailler (José) Bento (de Araújo). Une accalmie se produit et des applaudissements saluent l'entrée du Caballero. Mais le taureau à la vue du cheval commence à fuir comme un lièvre. (José) Bento (de Araújo) lui place cependant une bonne javeline. Le taureau fuyant de plus belle, (José) Bento (de Araújo) l'abandonne.— Un 4ème taureau, non, un 4ème boeuf, à peine entré, fait mine de regagner le toril. En vain les toreros, les vaqueros, tout le personnel mobilisé, l'invitent à la valse; il demeure sceptique. C'est un animal philosophe. Le public perd patience; à ce moment commence da démolition de l'Hippodrome. Tout ce qui peut être arraché est lancé dans la piste. Les Vaqueros qui cherchent à pousser le boeuf au corral reçoivent sur la tête des gros morceaux de bois; l'un d'eux est blessé; les loges, successivement démolies, sont jetées dans l'arène.

Les drapeaux ornant celle de la Municipalité sont foulés aux pieds, les 28 lampes à arc sont brisées. Les lampes-bougies fixées aux poutres sont abattues; enfin il ne reste de l'Hippodrome que sa carcasse eu peut-être encore... car le bruit se répand qu'on va y mettre le feu. Le commandant de gendarmerie arrive heureusement avec ses hommes et l'Hippodrome est evacué.

Pendant la bagarre quelques querelles ont éclaté parmi les spectateurs, un conseiller municipal a échangé des coups de poing avec un membre bien connu de la société; ils es question d'un duel.

À l'issue de cette soirée désastreuse, j'ai vu MM. Teysson et Defours qui m'ont affirmé n'avoir eu aucune part dans l'organisation de cette course, ayant loué l'Hippodrome à M. Fayot. Ils vont réparer les dégats dans le plus bref délai et s'occuper activement des véritables courses espagnoles, avec toros de muerte, spectacle inédit à Montpellier et que la population attent dardemment.

Nous enregistrons leur promesse avec un vif plaisir et nous les félicitons de tout coeur.

Samedi 17 et Dimanche 18, grandes ferrades.

J.T.

Le seul correspondant du Torero à Montpellier est M. J. Thérond, 12, rue Puech-Pinson. N.D.L.R.

Quelques journaux parisiens, se méprenant sur l'ironie d'une note d'agence ont cru de bonne foi que les taureaux fournis par M. Fayot à Montpellier étaient réellement en baudruche!...

Et ils ont mis baudruche en lettres grasses, bien étonnés qu'on ait mystifié le public jusqu'à lui donner des taureaux en taffetas ou en caoutchouc gonflé!...

In LE TORERO, Paris - 18 de Junho de 1893