1913 - A CORRIDA DE TOUROS EM PORTUGAL (livro publicado em Nimes, França)


Bibliothèque nationale de France

LA COURSE PORTUGAISE

Au Portugal, la mise à mort des toros est interdite par les pouvoirs publics et les animaux paraissent dans l'arène, emboulés, c'est-à-dire les cornes entourées d'un tampon en cuir.

Les toreros portugais ont donc, comme nos toréadors de Provence et du Languedoc, à s'entendre avec des adversaires roublards (c'est-à-dire qu'ayant déjà été courus maintes fois, ils connaissent toutes les ruses des lidiadors).

Le toro est combattu, soit par des pegadores, soit par des banderilleros, soit par des caballeros en plaza.

Les pegadores (on leur donne également le nom de moço da forcada), que nous avons eu l'occasion de voir étaient des nègres, véritables hercules, qui se lançaient sept ou huit à la fois sur le toro et cherchaient à le terrasser. L'un saisissait l'animal aux cornes, l'autre aux pattes, l'autre à la queue, etc... et au bout de quelques minutes d'efforts et de bousculades, parvenaient à renverser le bicho sur le sol, spectacle brutal et peu intéressant, aujourd'hui en désuétude.

Les banderilleros ne sont pas, en général, à la hauteur de leurs collèques espagnols. Ils ne pratiquent guère que les suertes du cuarteo et de media vuelta. (Banderiller à porta gaiola, c'est placer les bâtonnets dès que le bicho sort du toril).

Ce qui est intéressant dans la course portugaise, c'est le jeu des caballeros en plaza, habiles cavaliers qui combattent avec des chevaux, meilleurs que ceux des picadors espagnols, les toros d'Espagne ou de Portugal.

Ailleurs qu'en Portugal, les caballeros se sont mesurés avec des toros cornes nues, tels que les diestros (José) Bento de Araujo, les Casimiro d'Almeida (père et fils), Isidore Grané, Mariano de Ledesma. Des femmes, comme Mathilde Vargas de Zaheleta de Oliveira, de noblesse portugaise, et Maria Gentis, une gracieuse écuyère française, ont combattu à cheval avec succès des toros emboulés ou non. 


Certains des caballeros en plaza ont tué à cheval les toros qui leur furent présentés. Pour cela, ils ont employé le rejon de muerte.

En règle générale, les caballeros placent des rejones en farpas, semblables aux banderilles. mais ces engins sont plus longs que les palos et faciles à briser par le milieu.

Le caballero cloue sa farpa sur le garrot du fauve; une partie reste sur l'animal, l'autre dans la main de l'homme.

Il ya a plusieurs façons de placer les rejones. Voici les principales:

SUERTE DE FRENTE OU DE CARA (de face). - Le caballero attend, à gauche et à cinquante pas de la porte du toril, la sortie du toro. Il va à la rencontre de l'animal par une marche oblique et assez lente, et, à jurisdiccion, il cloue son rejon, éperonne vivement et passe sur le côté droit du toro. Un capeador détourne le bicho si besoin est.

C'est la suerte que les cavaliers exécutent dès le début de la course, la plupart du temps; et c'est pour cette raison que les Portugais l'appellent à porta gaiola.

SUERTE A TIRA OU A ESTRIBEIRA. - Elle se différencie de la précédente, en ce sens que cette fois-ci, le caballero se dirige vers le toro arrêté, au lieu de l'attendre ou de marcher à sa rencontre.

Mais en somme, elle consiste pour le cavalier à passer au grand galop, de la gauche à la droite du toro, en posant le rejon quand il arrive à hauteur de la tête de l'animal. Il est défendu de piquer si le toro n'humilie pas pour frapper.

SUERTE A MEDIA-VUELTA (au demi-tour). - Avec les toros difficiles, les caballeros en plaza agissent par surprise. Ils se placent à quelques pas derrière le bicho et sur le côté droit, courent vers lui, et quand l'animal se retourne, ils clouent le rejon et s'enfuient. Le toro a exécuté un demi-tour pour faire face à l'attaque; d'où le nom donné à la suerte.

Les meilleurs caballeros des temps modernes, sont:

Alfred Tinoco, Luis do Rego, Fernando d'Oliveira, (aujourd'hui décédés). Les Casimiro de Almeida (père et fils), Ricardo Pereira, Isidro Grané, Rapozo, Mariano de Ledesma, José Bento de Araujo. Ces deux derniers sont très connus en France.

Arenas romanas de Nimes - Foto Rui Araújo

Nous avons vu José Bento (de Araújo) placer des banderilles courtes à cheval. Il se laissait poursuivre par le toro, se courbait en arrière, plaçait ses bâtonnets en tournant vivement à droite ou à gauche, et se libérait ainsi du coup de tête du fauve. Le picador espagnol Badila plaçait à cheval des banderilles longues, à deux mains, mais non pas de la même manière que (José) Bento (de Araújo).


On a cherché à diverses reprises à introduire la course intégrale espagnole au Portugal. Les différents gouvernements s'y sont opposés, malgré les désirs populaires. Tout ce qu'on a pu faire, ce sont des courses sans picadors et sans mise à mort, avec des toros neufs, emboulés, provenant des ganaderias d'Espagne ou du Portugal. Dans ces courses paraissent les matadors les plus réputés d'Espagne. On cape, on banderille et après quelques passes de muleta, on place sur le garrot du fauve un flot de rubans (appelé simulacre), pour simuler l'estocade, et c'est tout!


In LA TAUROMACHIE MODERNE, Plumeta (Léonce André, Tenente de Infantaria Colonial), Nimes, 1913