GARD
La saison taurine s’est
ouverte dimanche aux Arènes par un temps splendide et devant un assez nombreux
public impatient de juger les promesses de la direction.
Constatons, avant de parler
de la course, que les places de troisième et de toril nouvellement créées, n’ont
pas été en grande faveur ; elles sont restées vides de spectateurs pendant
toute la durée su spectacle. Et toute cette partie de nos arènes, autrefois si
vivante, si animée les jours de courses, en restant nue, a produit une mauviase
impression, dont le spectacle s’est ressenti, on l’avait privé d’un de ses
principaux décors. Dans son intérêt, M. Fayot, fera bien de revenir à l’ancien
état de choses et ne réserver ces places de troisièmes que pour les jours de
grandes courses.

Le programme de la course a
été exécuté très ponctuellement : deux taureaux, cornes nues, ont été
combattus par le quadrille Pepe-Hillo ; deux taureaux, cornes emboulées,
ont servi au travail du caballero en plaza, (José) Bento de Araujo ;
enfin, les deux autres taureaux, cornes emboulées, ont été affectés au
quadrille de pégadores nègres. Les cinq premiers taureaux, quoique bien en
forme et ayant de l’allure, étaient mous et vicieux ; le dernier, très
vigoureux, a fourni une course très brillante.
Le travail du caballero en
plaza, fort goûté et apprécié du public, a constitué le clou de la course. Aussi
des applaudissements enthousiastes ont salué, à plusieurs reprises, M. (José)
Bento de Araujo, que l’on reverra toujours avec plaisir.
Pepe-Hillo a obtenu
également beaucoup de succès. C’est un toréador accompli. Possédant une grande
audace, il attaque le taureau, se jour de lui avec son manteau, le banderille
remarquablement et exécute le simulacre de la mort en maëstro. Deux hommes de
son quadrille se sont aussi distingués : Luis Léal et Gonzalito. Les
pégadores nègres exécutent un travail qui n’a pas plu à Nîmes. En somme, le
spectacle coupé de dimanche, n’a pas pleinement satisfait le public. Ce
dernier, très aficionado, aurait préféré et de beaucoup la course classique, c’est-à-dire
voir combattre les six taureaux par le quadrille Pepe-Hillo.
En terminant ce rapide
compre rendu nous nous permettrons un conseil à M. Fayo : abaissez le prix
des places d’amphithéatre à 1 franc et vous y trouverez bien votre compte tout
en satisfaisant les spectateurs qui viendront de plus en plus nombreux.
In LE
PETIT MARSEILLAIS, Marselha - 2 de Maio de 1893