1938 – NÎMES: REGRESSO AO PASSADO - A PROPÓSITO DA INAUGURAÇÃO DA TEMPORADA (na imprensa francesa)


Bibliothèque nationale de France 

CORRIDA DE NIMES

Après Dax, Bordeaux, Arles, etc., Nimes donne aujourd’hui sa première Gran Corrida de la saison.

Elle la donne un mois à peine après la mort d’Antonio Fuentes, l’un des toreros qui fut le plus fêté en France, dont le nom longtemps répété reste encore dans notre mémoire à tous, et qui reçut la première alternative donnée en France.

Cette alternative fut-elle considérée comme valable, nous ne le pensons pas ; car, à cette époque, il y a 45 ans de cela, toutes les plazas ne conféraient pas le droit d’alterner et de longues discussions surgissaient lorsqu’un matador était sacré dans certaines plazas. Tout au plus y en avait-il quatre ou cinq qui faisaient autorité obligatoirement et on ne pouvait toréer à Madrid, sans y recevoir à nouveau le sacre de matador.

C’était alors en France non pas le premier souffle de l’aficion à la course espagnole et encore moins aux courses, puisque celles-ci s’y déroulaient depuis bien longtemps ; mais un vent plus violent qui allait bientôt envahir toutes les cités méridionales importantes et y implanter d’une façon continue et régulière la corrida espagnole qui n’était alors qu’un spectacle de grand gala et plutôt rare.

La capéa sous toutes ses formes avait préparé le terrain des courses formelles espacées avaient familiarisé les foules avec le dernier tiers et l’un des directeurs audacieux prenait pied dans le Midi, entouré d’hommes éclairés comme Infante et un subalterne Méric pour donner plus de vie espagnole aux courses que l’on aimait tant. 

Tout d’abord on organisa des spectacles espagnols avec deux toros en corrida intégrale, les autres étaient courus de cape et recevaient le simulacre ou étaient travaillés par le caballero José) Bento de Araujo ou Madame Maria Gentis.

De semaine en semaine, au fur et à mesure que se déroulait la temporada, le nombre de toros combattus en lidia formelle augmentait, de deux on allait à trois, quatre, cinq et six pour la troisième année arriver à la corrida intégrale de six toros. Les autres villes suivirent Nimes dans cette voie et si nous rappelons ce passé, c’est parce que Nimes qui fut à l’origine la semeuse de l’aficion en France n’a pas été cette saison la première à ouvrir la saison.

Elle arrive donc toujours attirante par son cadre magnifique et merveilleux, bien fait pour présenter un aussi grandiose spectacle avec au cartel : Lalanda, La Serna et Rafaelillo.

De ces trois matadors La Serna est celui vers lequel tous les regards aficionados sont tournés. À l’heure où j’écris ces lignes je ne sais ce que ce torero aura fait à Arles; mais ceux qui l’ont vu toréer savent qu’il peut beaucoup et qu’il sait enlever une ovation et faire éclater l’enthousiasme. C’est donc avec de grandes espérances qu’ils se dirigent vers la plaza. Il en est de même pour Rafaelillo qui peut énormément et sait, avec la cape et la muleta, forcer les applaudissements à retentir nourris et continus.

Quant à Lalanda, qui est comme le furent tous les maitres poussés dans ses retranchements par les purs qui toujours demandent le maximum à celui qui peut tout, nous attendons avec calme son travail, sachant qu’il saura toujours donner par ses connaissances une impression sérieuse de ce qu’est la science taurine.

Il fut un temps où la démarcation était plus nette entre le torero et le matador, c’était justement à l’époque dont nous parlons plus haut et quelques années après. On savait non pas exactement ce que ferait  un torero, car les toros changent beaucoup d’intentions et l’on doit en tenir compte ; on cataloguait un Fuentes parmi les toreros brillants, un Espartero et Reverte parmi les émouvants, un Mazzantini parmi les imposants et les matadors et un Guerrita hors classe pour sa science, ce qui lui permettait une sécurité et un brio continus.

Aujourd’hui il faut qu’un torero réunisse toutes les qualités et comme certaines ne s’acquièrent qu’avec le temps, il arrive que l’on ne peut plus prévoir, autant que cela se peut, ce que fera tel ou tel torero. Mais le cartel présenté ce jour offre avec Lalanda, La Serna et Rafaelillo, une presque certitude de voir du travail, car le premier possède la science de sa profession et les deux autres sont remplis du désir de plaire, très travailleurs et se classent parmi les meilleurs de notre époque.

L. MARTIN F.


In LE TORERO, Nimes – 5 de Junho de 1938