28 DE MAIO DE 1893 - NÎMES: CONVERSAS A PROPÓSITO DA TOURADA DE 28 DE MAIO (na imprensa francesa)



Bibliothèque nationale de France

Passavant el Mejor!

Dialogue en une foule d'intéressés sur la Course du 28 mai

UN ABONNÉ. — Eh bien, Madame la Presse, vous avez un fier toupet de dire que la course du 28 mai a été plutôt bonne que mauvaise! Vous n'assistiez donc pas à la fête?

PRESSE. — Pardon, j'y assistais; et j'ai même, à pluysieurs reprises, manifesté mon mécontentement par de petits couls de sifflets discrets; comme il convient à quelqu'un qui n'a pas payé sa place, du moins en numéraire.

UN SÉNATEUR. — Comment se fait-il alors que vos compte-rendus n'expriment pas ce mécontentement. Vousa savez bien que vous avez charge d'âme. N'est-ce pas se moquer de vos lecteurs que de ne pas leur dire la vérité? Sans compter que vous encouragez la Direction dans ses errements!

LA PRESSE. — Telle n'est pas notre intention, Monsieur le Sénateur; mais il était à craindre que l'autorisation de muerte ne fût retirée, si la presse, dépassant les bornes d'une critique juste, eût écrit contre la course et par cela même contre la Direction.

UN OUVRIER. — Mais, entre nous, vous savez, c'est pas ça ! — Moi croyant bien faire, j'y suis allé de mon toril à 5 francs, et puis... quesque je te vois?: des toros qui allaient aussi doucement que le percement de la rue des Greffes.

LA PRESSE. — Vous comprenez, mon ami, que le directeur ne savait pas si les taureaux seraient fougueux ou mauvais. Il les a payés pour bons.

UN AMATEUR DE COURSE LIBRE. — Ah vaï.... il le savait pas! Quesque vous cvenez me chanter? Il savait bien que le cinquième et le sixième seraient bons. Pourquoi c'étaient pas tous des cinquièmes et des sixièmes. Quand les Directeurs ils mettent une cocarde de 100 francs sur un camargue, ils savent bien que çà sera pa un agneau ou une vaquette.

LA PRESSE. — Enfin, d'après vous, les taureaux étaient mauvais, la course mauvaise, etc., etc., et il faudrait le crier par dessus les toits, au risque de compromettre le succès des futures grandes courses.

UN MONTPELLIERAIN. — Il ne s'agit pas des courses prochaines, il s'agit de celle du 28 ,ai à laquelle nous sommes venus en foule. — Si le lendemain nous avions lu un compte rendu véridique, c'eût été au moins une consolation, tandis qu'on nous a fait passer pour des ignorants ou des aveugles.

LA PRESSE. — Eh bien, si nous le faisions le compte-rendu, là, tout doucement, à la bonne franquette.

UN ANCIEN DIRECTEUR. — Je dirai mon mot.

LA PRESSE. — Commençons.

L'ancien directeur. — Primo et d'une, les toros de la manade d'Aléas ne vont pas franchement au picador et refusent souvent de rentrer au toril, ce qui rend les courses ennuyeuses. On en a vu rester jusqu'à 9 heures du soir dans le cirque.

Maintenant que je ne suis plus directeur je vois les fautes des autres. Je crois qu'il eût mieux valu mettre un quadrille de moins, et des toros meilleurs.

UN CAFETIER. — Et surtout finir la course avant 7 heures, de façon que notre absinthe du soir ne soit pas ratée comme elle l'a été le 28 mai.

UN RAZETIER. — On pourrait aussi, essayer de désembouler les taureaux au razet, en rolérant les crochets, bien entendu. — On priverait le public d'une corrida de cabestros, mais le toréador Chocolat aurait moins de travail.

UN ARTILLEUR. — Vous parlez du toréador Chocolat. En voilà un guerrier! C'est à lui que reviennent les honneurs de la journée. Tortero n'est auprès de lui, qu'un enfant de troupe. Quelle frousse, mon capitaine! (chantant: je suis jeune et je tiens à la vie.) Il a tué son taureau en décomposant: Une patte, l'autre patte, le dos, le cou, la tête et le bec.... comme dit la chanson. Je crois même qu'au quatrième coup d'épée il a manqué l'animal. Il est beau garçon cependant et avait empoigné son public qui l'appaludissait jusqu'au moment où il a lâché épée et muleta. Grand et beau, comme un artilleur, et se laisser faire la barbe par un petit Ecijano, comme qui dirait un fantassin! C'est raide!

UN ABONNÉ. — Cet Ecijano je le gobe, moi, il est gracieux,.... il prend son temps...

UN SÉNATEUR. — Et comment avez-vous fait pour savoir que tel toréador était Tortero, tel autre Ecijano, etc. Moi j'ai vu une foule de toréadors dans l'arène, mais l'affiche n'indiquant pas la couleur des costumes, je les ai baptisés au petit bonheur.

UN ABONNÉ. — Vous avez fait comme le Journal du Midi pour les picadors qu'il a désignés par le cheval noir et le cheval blanc.

UN SPECTATEUR DE L'AMPHITHÉATRE. — Cependant le public ne connaissait pas la couleur du costume du Directeur et il l'a bien reconnu pour leui faire une petite ovation lorsqu'il a paru dans le cirque.

En outre, pourquoi avoir deux cuadrillas et annoncer qu'elles combattront leur taureau, chacune à tour de rôle, puisque dès le premier elles se sont mélangées et ont travaillé ensemble tous les taureaux,

UN TORÉADOR NIMOIS. — Remarquez aussi que les toréadors espagnols font preuve de beaucoup de solidarité et que le cumul des fonctions leur est permis. Ainsi la cuadrilla Adrada est composée d'une partie des cuadrillas Ecijano et Tortero, à moins que ce ne soit tout le contraire.

UN ARENERO. — Vous cherchez la petite bête, mais vous ne dites pas que (José) Bente d'Araújo a été admirable, le défi superbe, les picadors parfaits, la présidence irréprochable.


GAVROCHE. — C'est bien, monsieur l'employé!

LA PRESSE. — Et c'est tout ce que vous avez à dire? Il ne valait pas la peine de me rappeler que j'avais charge d'âme!

L'ABONNÉ. — Oh! nous ne demandons pas la mort de M. Fayot.

M. FAYOT (entrant). — Vous êtes bien aimables. Je vous remercie de vore indulgence; mais, croyez-moi, je connais aussi bien et même mieux que vous tous, quels ont été les points faibles de la course du 28. L'annonce de celle du 25 juin pour laquelle j'ai engagé Espartero et Quinito qui combattront six toros de la marquise de Concha (avec 2 toros en plus) en est la meilleure preuve.

UN MONTPELLIÉRAIN. — Alors nous pouvons revenir en toute confiance pour le 25 juin.

M. FAYOT. — Si vous ne voulez pas venir, vous resterez, je ne viendrai pas vous chercher. L'affiche fera connaître le programme, c'est à vous de décider.

Je ne fais pas de boniments.

L'ANCIEN DIRECTEUR. — Et moi qui me creusais la tête et celle de mes amis, pour faire de chics boniments!

LA PRESSE. — Messieurs, concluons!

L'OUVRIER. — Voyons, vous l'abonné, écrivez nos conclusions en style du Palais.

L'ABONNÉ. — Je veux bien:

ATTENDU qu'il vaut mieux un excellent toréador que deux passables, et que les nimois tolèreraient même la médiocrité chez un torero à condition que les toros soient irréprochables.

CONSIDÉRANT que (José) Bento d'Araujo est un caballero admirable, mais qu'on se lasse même des plus belles choses, et que les Nimois autorisaraient une économie dans la mise en scène à condition que les toros soient irréprochables.


Attendu que si M. Fayot n'avait pas foi au succès de la course du 28 mai, l'empressement du public nimois lui a prouvé qu'il peut compter sur de belles recettes chaque fois que les toros seront combattus à l'espagnole.

LES AFICIONADOS:

reconnaissant que les courses ordinaires de novillos et hispano-portugaises ont pu laisser quelques déboires à la Direction, déboires largement rachetés par le succès du 28;

Passent l'éponge sur tout ce qui a été fait;

Prennent note de la diminution du prix des places;

Demandent à la Direction de publier un nouveau programme;

La supplient de mettre tous ses soins au choix des toros.

Et, en attendant avec impatience la course du 25 Juin, crient quand même et tous en chœur:

PASSAVANT EL MEJOR!

In LE PETIT FURET, Nimes - 3 a 10 de Junho de 1893