9 DE JULHO DE 1893 - NÎMES: TOUROS DE MORTE E CAVALEIRO PORTUGUÊS


 

Bibliothèque nationale de France

TOROS DE MUERTE

EN NIMES

Corrida du 9 juillet 1893.

Le temps qui s'était couvert la nuit précédente nous a conservé pour le lendemain sa teinte grise et son étouffante chaleur.

Pendant toute la matinée nous avons pu craindre quelque orage; aussi l'élément étranger n'a-t-il pas donné tout son contingent. Seuls les aficionados de l'Avantage avaient répondu à l'invitation. Le spectacle a eu lieu devant un public très nombreux, la foule bariolée qui s'agitait sur les gradins du vieil amphithéatre pouvait s'évaluer à 15 ou 16000 spectateurs.



À 3 heures 1/2, M. Reinaud, maire de Nîmes prend la présidence. Sur un signe, la trompette sonne. Voici le paseo. Il s'efffectue au milieu des applaudissements; seul le soleil manque à la fête.

Chacun prend sa place; (José) Bento de Araujo à la gauche du toril attend Fidelo qui fait une vigoureuse sortie, court avec vivacité et franchit une première fois la barrière. Le cavalier en place cherche à profiter de l'impetuosité de ce coureur pour lui piquer sa javeline, mais l'animal le fuit et n'accepte le défi qu'après plusieurs autres invitations. La première javeline est un peu basse; la deuxième assez mauvaise pend lamentablement encore plus bas. Bravo pour la troisième Senor Bento! Le brillant écuyer veut briller malgré l'insuccès des deux premières attaques; il s'empare d'une banderille et la place un peu haut avec beaucoup de brio. (Applaudissements.

Les Cabestros arrivent, la connaissance est vite faite. Fidelo se réfugie dans ce milieu paisible, passe au coral et revient bientôt cornes nues. El Gallo le reçoit par deux véroniques faites avec une remarquable lucidité, les pieds immobiles; une gracieuse larga met en place le toro pour les banderilles.

Pulguito entre au Cuarteo et les place au bon endroit, Gayetano dans le même sens réussit de même; ce toro fuyard franchit à nouveau la barrière et revient en lice pour recevoir de Pulguito une jolie paire aprovechando.

El Gallo prend la muleta, après avoir fait son brindis à la présidence, il s'approche de l'encorné; ses quelques passes de muleta sont bonnes et le coup porté au volapie, porte au bon endroit.

L'entrée de Mlle Gentis est saluée par des applaudissements, il faut reconnaître qu'on ne peut avoir plus de grâce et d'aisance à cheval. À peine le temps de saluer que voici Payaso. De même couleur que le précédent, mais moins vif, Gallito en galant andalou offre la javeline à la charmante rejoneadora qui caracole aussitôt autour du nouveau venu. Le cheval approche le fauve avec hésitation, il faut tout le talent de l'écuyère pour en arriver à saisir le moment opportun et placer près des barrières une javeline en plein garrot. (ovation.) C'est bien la meilleure javeline de la journée. Après plusieurs essais infructueux le président fait changer la suerte. Mlle Gentis se retire non sans avoir reçu une pluie de bouquets que lui jettent ses nombreux admirateurs.

Les cabestros viennent chercher le Payaso qui les suit docilement et revient bientôt après les armes aigues.

Bonarillo lui fait quelques brillantes veroniques et le cape à deux reprises par derrière (de frente por de tras). Après un recorte cape au bras, le jeune diestro se retire et les banderilleros se préparent. Nene entre bien deux fois au cuarteo, pique deux bonnes paires, mais à la première se laisse déchirer la culotte. Mazzantinito arrive à son tour avec un bon cuarteo et une autre pair au demi-tour. (media vuelta)

Bonarillo s'avance devant un toro qui se défend, le passe de muleta avec indécision et marque une estocade basse.

Moralo, châtain brulé, sort vivement, commence par prendre deux piques sans insisiter (de refilon), revient à la charge, s'allume un peu et tue le cheval de Soria. Fuentes pique deux autres fois. Gallo se fait applaudir au quite. Les banderilleros Morales et Gayetano entrent avec succès quatre fois au cuarteo.

El Gallo prend l'épée et la muleta, passe huit fois le toro, et après deux bonnes estocades courtes termine para un mete y saca. La bête est descabellée au second essai.

Pandito nous arrive avec de mauvaises intentions, blanc et noir, bien armé, son air surnois ne va guère. Il trouve moyen, tout fuyard qu'il est, de renverser Fuentes et reçoit quatre autres varas. Bonarillo opportun au quite. Lobito-Chico et Nene banderillent à trois reprises et Bonarillo s'avance vers ce poltron.

Le diestro ne peut fixer à la muleta cet animal méfiant et lui porte un mauvais pinchazo bas, dans un moment de distraction il est saisi par le dos et l'animal, d'un coup de tête le fait rouler à terre, Gallo se précipite et détourne la brute; Bonarillo se relève sans aucun mal, la veste déchirée, il porte successivement et trop précipitamment trois autres pinchazos et ce n'est enfin qu'avec un vil bajonazo qu'il parvient à se débarrasser de son peu commode adversaire. Le public siffle ferme à ce moment. Un spectateur lance une bouteille à la tête du matador.

Vanecenjo parait, sa sortie est assez fougueuse, il est beau, bien armé et charge sept fois la cavalerie avec entrain.

Melilla, El Rubio et Badila le reçoivent bien, dans un coup de pique porté avec force au moment où la brute se retournait. Badila l'envoie rouler les quatre fers en l'air.

Gallo se fait acclamer dans un cambio de rodillas exécuté avec une rare perfection, Moralés et Pulguito ne brillent pas aux banderilles.

Après un brindis fait au public el Gallo s'approche de l'animal, le passe de muleta avec maitrîse, porte un pinchazo au bon endroit et termine par une magnifique estocada qui l'abat sans nécessiter l'intervention du puntillero. Une immense ovation est faite au matador, les cigares et les chapeaux pleuvent de tous cotés.

Tostado, chatain, bien armé et de belle allure arrive et fond sur les picadores. Badila le reçoit trois fois d'un bras solide et Melilla le gratifie de quatre bons pagasos.

Les maestros prennent les banderilles, Bonarillo place une paire trop basse au cuarteo; de la même manière, Gallo pose la sienne de supérieure façon.

Le fauve arrive aux mains du jeune matador dans de bonnes conditions; après quatre passes naturelles et deux en rond l'animal cadre, Bonarillo porte une bonne estocade courte et la bête s'accule; au moment où le matador allait porter le descabello qui devait achever l'animal, des spectateurs du toril élèvent des protestations. Surpris Bonarillo se rend à leur désir et nous avons dû assister à l'agonie de ce toro frappé à mort.

RÉSUMÉ

Les toros de Enriquez Salamanca ont été mauvais pour la plupart, le quatrième surtout, les cinquième et sixième réguliers rien de plus. Fuyards et vicieux par nature ils ne pouivaient en eucune façon faire briller les toreros. Aucun d'eux n'a présenté la noblesse du bon toro castillan.

El Gallo est un maître torero, il nous a été donné d'admirer la finesse et la perfection d'un capéador consommé, supérieur à la banderille, intelligent dans les quites, bon à la muleta, heureux dans sa dernière estocade.

Bonarillo a été malheureux; le premier toro qu'il avait à mâter était impossible, mobile à l'excès, fuyard au moment de l'estocade, le jeune diestro a eu tord de ne pas chercher à le tuer d'une des estocades de recours admise en ces cas là, soit au pas des banderilles, soir encore à la demi-volte. Il eut évité le bajonazo, coup déplorable indigne de sa réputation.

L'estocade courte donnée au second toro tué par lui était supérieure. Supérieur à la cape, disgracié aux banderilles, inégal à la muleta et opportun dans les quites.

Des picadores.Badila, Melilla, mais nous n'avons à signaler aucune pique courte. Pourquoi?

Des Banderilleros. — Nene, Pulguita et Mazzantinito.

C'est à Mlle Maria Gentis que revient l'honneur d'avoir placé la meilleure javeline en plein garrot. Ecuyère de première force, gracieuse elle est en même temps d'uncourage que l'on ne s'attendrait pas à trouver chez une aussi mignonne personne.

(José) Bento de Araujo toujours élégant n'a été heureux qu'à sa troisième javeline.

La présidence intelligente.

Les services parfaits.

MOSCA.

In LE TORERO, Paris - 16 de Julho de 1893