1891- RETRATO DE MADEMOISELLE MARIA GENTIS, QUE ACTUOU AO LADO DO CAVALEIRO JOSÉ BENTO DE ARAÚJO, NA PRAÇA DE TOUROS DE PARIS (Livro na Biblioteca Nacional de França)

 

Photo: Bibliothèque Nationale de France

Fille d'un ingénieur qui laissa à sa veuve quelques petites rentes, Mlle Gentis pratiqua l'équitation courante sous divers professeurs.

Vers la fin de l'année 1886, elle s'en vint demander conseil à M. Auguste Raux, le professeur de haute école bien connu, qui se chargea de parfaire son instruction équestre.

Grâce aux excellentes leçons du maître et aux remarquables aptitudes de l'élève, Mlle Gentis débuta très brillamment en 1888, au Nouveau Cirque de la rue Saint-Honoré, sur un cheval noir de pur-sang du nom de Claude et dont le travail consistait en :

1 . — Une entrée et un travail complet de deux pistes à un très beau passage;

2. — Travail au galop à droite et à gauche avec pirouettes aux deux mains;

3. — Pas espagnol;

4. — Travail au galop avec changements de pieds aux trois temps, aux deux temps, au temps;

5. — Trot espagnol et sortie.

Tous les arrêts du cheval s'exécutaient avec jambettes (à droite et à gauche) tendue, soutenue et élevée.

Un peu plus tard, Mlle Gentis présenta un grand cheval alezan, également de pur- sang, le terrible Campo, petit- fils de Vermouth, qu'elle parvint à dompter d'abord, à dresser ensuite sous la direction de M. Auguste Raux. Le travail de ce cheval fut plus complet et plus brillant que celui de Claude; aussi, lorsque l'année suivante il travailla en compagnie de deux autres chevaux de haute école dans l'une des trois pistes de l'Hippodrome de l'avenue de l'Alma, M. Houcke fit constamment au petit fils de Vermouth l'honneur de la piste du milieu, et c'était justice, car, lorsque Campo exécutait son passage, son galop ou son trot espagnol sous Mlle Gentis, il semblait planer, écrasant par la comparaison des allures et du dressage les chevaux de Mme Maestrich.

En 1890, Mlle Gentis fit sa rentrée à l'Hippodrome, dans le numéro intitulé «Fantaisie Hippique». Elle se distingua entre toutes. Montée sur un vigoureux cheval de sang, tout en en conduisant un autre en tandem, elle parcourait à fond de train la piste de l'Hippodrome, franchissant, à une vitesse vertigineuse et avec une aisance remarquable, les obstacles les plus sérieux.

Les succès de Mlle Gentis, au Nouveau Cirque et à l'Hippodrome, ont été trop visibles pour être niés. Je m'en applaudis, loin de m'en plaindre, car toute ma sympathie est acquise à son maître M . Auguste Raux, qui partage mon avis et considère les changements qu'a subis l'équitation de cirque depuis Baucher comme une révolution néfaste.

Cette écuyère, dont l'intrépidité est véritablement inouïe a accepté, pour un prix très élevé sans doute, l'engagement d'exécuter en dame, en France, en Espagne et en Portugal le travail du célèbre Tinoco, le fameux Caballero en plaza que nous avons tous admiré aux arènes de la rue Pergolèse.

Ceci n'est plus de l'équitation savante, mais de la tauromachie pure, et c'est avec regret que nous voyons Mlle Gentis faire un aussi dangereux usage de son beau talent.

Poster: Bibliothèque Nationale de France

In «Écuyers et écuyères: histoires des cirques d'Europe (1680-1891)» - Baron de Vaux, Préface par Henri Meilhac; introduction par Victor Franconi - J. Rothschild Éditeur, Paris - 1893.

Lien du texte reproduit: ici:https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1161927/f219.image.r=Maria%20Gentis#