1890 - RETRATO DA CAVALEIRA MADAME MAËSTRICHT, QUE ACTUOU COM JOSÉ BENTO DE ARAÚJO NAS PRAÇAS DE TOUROS DE LISBOA, SINTRA, CARTAXO, ETC... (Livro na Biblioteca Nacional de França)

 



MME MAËSTRICHT

Mme Maëstricht, que j’ai vue à l’Hippodrome de Paris lors des représentations de la troupe Wulff, est une écuyère d’une certaine valeur. Elle procède de l’école allemande, de cette école que tout homme ayant l’intelligence et le sentiment de l’art ne saurait accepter ni dans son principe ni dans son exécution, tant elle représente fidèlement ce que le baron d’Étreillis nommait avec beaucoup de justesse «l’automatie équestre».

Cette définition caractérise bien cette école qui a pour principe de faire obéir le cheval brusquement et mécaniquement sous un cavalier raide et immobile.

Au point de vue de l’art, cela laisse un peu à désirer.

Cet «assujettissement» complet du mécanisme du cheval peut offrir à la vérité, dans certains cas et pour certains usages, plus de sureté et de rectitude dans l’exécution ; mais, comme le dit encore le baron d’Étreillis, cette manière est absolument automatique, tellement dépourvue d’élégance et d’harmonie, qu’elle ôte au cavalier toute sa valeur réelle, puisque sa monture est réduite sous lui, au rôle de levier.

Pour atteindre ce résultat, il faut — nous le savons — une certaine science et une connaissance approfondie de l’équilibre et de la composition des forces agissantes du cheval ; seulement cet équilibre est faux en ce sens que l’animal ne repose pas réellement sur ses jambes. Quant à l’exécution des mouvements, elle est si dépourvue de tout sentiment artistique, que cette manière de faire est à l’équitation vraie comme la photographie à la peinture.

Le travail de haute école que faisait Mme Maëstricht se ressentait du dressage à l’allemande, et son cheval, au lieu d’être léger et assoupli, se détachait lourdement du sol et semblait exécuter tous ses mouvements avec effort.  Et, si vous vous souvenez de certains de ces mouvements, vous devez vous rappeler que l’élévation des membres antérieurs de son cheval d’effectuait au moyen du genou et non de l’épaule.

Remuant son pied «sous lui» au lieu de le lancer «devant lui», son cheval avait une allure fausse et disgracieuse, aussi insupportable à voir qu’à sentir. Il avait l’air d’un enfonceur de pavés.

L’écuyère était raide, droite, immobile. Elle était à cheval selon les principes de ses maîtres, dont je ne conteste pas l’autorité ; j’aurais préféré la voir un peu plus souple et un peu plus élégante.

Madame Maëstricht
Gravura do Diário Illustrado - 13 de Julho de 1890

In «Écuyers et écuyères. Histoire des cirques d'Europe (1680-1891). Avec une étude sur l'équitation savante par Maxime Gaussen» - Baron de Vaux (Préface par Henri Meilhac ; introduction par Victor Franconi) - J. Rothschild Editeur, Paris - 1893

1891- RETRATO DE MADEMOISELLE MARIA GENTIS, QUE ACTUOU AO LADO DO CAVALEIRO JOSÉ BENTO DE ARAÚJO, NA PRAÇA DE TOUROS DE PARIS (Livro na Biblioteca Nacional de França)

 

Photo: Bibliothèque Nationale de France

Fille d'un ingénieur qui laissa à sa veuve quelques petites rentes, Mlle Gentis pratiqua l'équitation courante sous divers professeurs.

Vers la fin de l'année 1886, elle s'en vint demander conseil à M. Auguste Raux, le professeur de haute école bien connu, qui se chargea de parfaire son instruction équestre.

Grâce aux excellentes leçons du maître et aux remarquables aptitudes de l'élève, Mlle Gentis débuta très brillamment en 1888, au Nouveau Cirque de la rue Saint-Honoré, sur un cheval noir de pur-sang du nom de Claude et dont le travail consistait en :

1 . — Une entrée et un travail complet de deux pistes à un très beau passage;

2. — Travail au galop à droite et à gauche avec pirouettes aux deux mains;

3. — Pas espagnol;

4. — Travail au galop avec changements de pieds aux trois temps, aux deux temps, au temps;

5. — Trot espagnol et sortie.

Tous les arrêts du cheval s'exécutaient avec jambettes (à droite et à gauche) tendue, soutenue et élevée.

Un peu plus tard, Mlle Gentis présenta un grand cheval alezan, également de pur- sang, le terrible Campo, petit- fils de Vermouth, qu'elle parvint à dompter d'abord, à dresser ensuite sous la direction de M. Auguste Raux. Le travail de ce cheval fut plus complet et plus brillant que celui de Claude; aussi, lorsque l'année suivante il travailla en compagnie de deux autres chevaux de haute école dans l'une des trois pistes de l'Hippodrome de l'avenue de l'Alma, M. Houcke fit constamment au petit fils de Vermouth l'honneur de la piste du milieu, et c'était justice, car, lorsque Campo exécutait son passage, son galop ou son trot espagnol sous Mlle Gentis, il semblait planer, écrasant par la comparaison des allures et du dressage les chevaux de Mme Maestrich.

En 1890, Mlle Gentis fit sa rentrée à l'Hippodrome, dans le numéro intitulé «Fantaisie Hippique». Elle se distingua entre toutes. Montée sur un vigoureux cheval de sang, tout en en conduisant un autre en tandem, elle parcourait à fond de train la piste de l'Hippodrome, franchissant, à une vitesse vertigineuse et avec une aisance remarquable, les obstacles les plus sérieux.

Les succès de Mlle Gentis, au Nouveau Cirque et à l'Hippodrome, ont été trop visibles pour être niés. Je m'en applaudis, loin de m'en plaindre, car toute ma sympathie est acquise à son maître M . Auguste Raux, qui partage mon avis et considère les changements qu'a subis l'équitation de cirque depuis Baucher comme une révolution néfaste.

Cette écuyère, dont l'intrépidité est véritablement inouïe a accepté, pour un prix très élevé sans doute, l'engagement d'exécuter en dame, en France, en Espagne et en Portugal le travail du célèbre Tinoco, le fameux Caballero en plaza que nous avons tous admiré aux arènes de la rue Pergolèse.

Ceci n'est plus de l'équitation savante, mais de la tauromachie pure, et c'est avec regret que nous voyons Mlle Gentis faire un aussi dangereux usage de son beau talent.

Poster: Bibliothèque Nationale de France

In «Écuyers et écuyères: histoires des cirques d'Europe (1680-1891)» - Baron de Vaux, Préface par Henri Meilhac; introduction par Victor Franconi - J. Rothschild Éditeur, Paris - 1893.

Lien du texte reproduit: ici:https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1161927/f219.image.r=Maria%20Gentis#